Les nouvelles de la répression s’accumulent, les morts, la violence policière, la mère qui appelle avec une voix éteinte pour avouer que ça fait deux mois qu’elle n’a pas pu manger de viande. La famine. Le neveu qui peut mourir d’une crise d’asthme, une maladie qui, là où je vis, n’a pas tué quelqu’un depuis des siècles. Au loin, entre eux et moi : l’océan, des nuits de veille, des appels à l’action, je partage, je me fais l’écho, je manifeste ; je regarde autour, je photographie le vide, je reviens à mon rythme de pays du premier monde et en un instant, mon pays d’origine se dissout.
Comment peut-on vivre en exil avec toutes les images qui sont diffusées ? Pour préserver l’existence, nous voyons-nous obligés de gommer certains souvenirs, certains moments de la journée, de notre mémoire immédiate ? Appliquons-nous à ces souvenirs la même censure qu’aux souvenirs traumatisants, les enfermons-nous dans la même pièce parce qu’ils deviennent des menaces à notre raison ?
De là où je viens ou Deconstructing Venezuela est un travail in progress qui se réalise à Paris, avec mon chemin d’aller-retour constant à mon pays à travers des images. C’est un des chapitres d’un vaste travail sur l’Oubli contemporain.
Ce chapitre est composé de trois épisodes avec des photographies argentiques N&B et Couleur ; réappropriation et reinterpretations d’images à travers des gestes artistiques ; des textes et quelques vidéos. Il est pensé comme exposition, installation et photobook.
Les épisodes :
Cartographie de la faim
Le vide
A S I L E